CRÉDITS : poussière d'étoile
ARRIVÉE EN VILLE : 28/07/2017
DANS LA TÊTE : diamonds are a girl's best friend.
| Sujet: parle plus bas (lino) (flashback, 1945) Dim 30 Juil - 21:52 | |
| au coin de la rue roucoulent des filles, dévoilant leurs genoux abîmés par le pavé aguichant les soldats esseulés en faisant mine de se pâmer.
et elle, la diva ratée remonte le col de son manteau en fourrure, ses talons hauts claquant sur le trottoir et sa robe remontant à chacun de ses pas.
fausse actrice d'hollywood ayant oublié de décolorer sa chevelure jouant pourtant les vierge marie comme jean harlow ne l'a jamais réussi.
une sainte qui entre, seule, sans chapeau ni bas dans un des bars du port une sainte qui pourrait tout aussi bien être une catin -ses genoux sont tout aussi abîmés-.
elle boit le même whisky que les hommes ses ongles vernis tintant contre le verre et ses yeux de velours roucoulant vers cet homme qu'il lui semble connaître vaguement.
joueuse, la sainte madeleine, elle attrape la cigarette à peine déposée dans le cendrier tire dessus et souffle la fumée sur le côté laissant une marque rouge sur le filtre jaune.
la vertueuse catin se rapproche alors, et minaude au travers d'un sourire en coin ses cils battant follement au rythme de son cœur ivre je vous connais non ? |
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DANS LA TÊTE : DES CARCASSES, DE LA CASSE ET JOCASTE
| Sujet: Re: parle plus bas (lino) (flashback, 1945) Mer 2 Aoû - 17:01 | |
| le tabac sent la poudre celle qui est noire celle qu’on allume celle qui explose le whisky a la couleur pastel et si amère des flots au bord du rivage teintés de boue teintés de rage et à l’intérieur les glaçons qui disparaissent se font happer par une force qui leur échappe à tous comme tant d’avions à la dérive dont on a pété le moteur et qui coulent lentement de la même manière que les glaçons fondent jusqu’à ce qu’il ne reste rien (le pilote ne remonte pas il ne remonte jamais). les pieds ici les yeux ailleurs lino est rentré à la maison le temps de quelques jours de repos. léon lui manque mais il ne dit rien (il aurait même serré la gamine dans ses bras s’il savait où elle était) la maison aussi elle lui avait manqué pourtant une fois là-bas il n’y est pas resté (habiter seul ici c’est bizarre il aime pas ça). la fumée est dedans et dehors nuages dans le ciel brouillard de ses pensées il est rentré d’la guerre mais c’est comme s’il y était encore et il s’demande si quand ce sera terminé (pour de vrai) ce sera comme maintenant comme s’il était jamais rentré à bon port. il s’en allume une autre manière de s’concentrer sur quelque chose l’a en fait allumée pour des doigts fins qui ne sont pas les siens. y en pas beaucoup des comme elle de là où il vient pas beaucoup d’italiennes là-bas là-haut ou si mais celles-là rentreront pas elles sortiront par la cheminée ricane la voix d’un vieux con dans sa tête. qu’elles sont belles les italiennes qu’elles sont belles les noveciennes pourvu qu’elles ne partent pas peu probable que vous m’ayez croisé dans le coin récemment j’ai plus de rapports avec les hélices qu’avec les verres comme celui-ci ces temps-ci un sourire manière de lino ma mère m’a un jour appelé lui vole la cigarette pour en tirer quelques bouffées et vous ? |
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| Sujet: Re: parle plus bas (lino) (flashback, 1945) Jeu 24 Aoû - 0:14 | |
| elle ne le quitte pas des yeux pas un seul instant elle en est incapable. il est beau. il est tragiquement beau de la même manière qu'un bateau une seconde avant de couler. qu'un avion pendant cette fatidique seconde entre la fin des moteurs et le début de la chute. il est cette hésitation ce dernier espoir ce flashback devant les yeux elle l'a vu, elle l'a croisé, sans le faire exprès au casino ou au marché ou peut être même jamais. mais il est beau. il la hante. une seconde de ses yeux à peine et elle l'a dans la peau. c'est joli, les avions. et ça fait un joli bruit. ça rend les choses belles, ça fait durer la seconde de doute à propos de l'issue de ce passage. il lui reprend la cigarette en souriant leurs doigts s'effleurent son esprit s'envole. lui elle le désire. lui elle le choisit. c'est un soldat il peut venir de n'importe où. il a certainement une femme deux enfants un troisième en route et un futur grand destin. il est beau elle l'est aussi son diamant de pacotille au doigt son manteau en fourrure trop grand et ses lèvres trop rouges (pour cacher le goût du stupre en dessous) aimée. ma mère me dit que je suis une sainte alors appelez moi sainte aimée. son rire voluptueux et sensuel son rire de madonne déraille un peu presque rien. vous avez déjà affronté la mort ? elle veut des courageux des soldats grands forts prêts à mourir qui voient leur avion au fond de leur whisky. elle ne supporte plus le parfum de leurs chefs gras et gros couards, se cachant chez elle prêts à retourner leur veste, ne pensant qu'aux femmes et au sexe. ça doit être impressionnant de toucher le soleil. |
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| Sujet: Re: parle plus bas (lino) (flashback, 1945) Mar 5 Sep - 17:49 | |
| il la regarde un long moment, s’laisse étouffer par la fumée qu’elle lui a volée, s’perd un peu (à peine) dans l’fond de ses yeux, s’y noie presque et remonte enfin (il peine). et quand c’est à lui de dessiner des nuages, déjà presque désireux de mettre des barrières, automatisme de défense qui le fatigue et dont il voudrait se défaire, il se laisse finalement charmer par ses mots. c’est qu’ils brillent. lino pense que c’est de l’or. il la laisse l’envoûter, il a peur de s’abîmer. ulysse fasse aux sirènes, avec au large des bateaux échoués. face à lino une seule murène, qui lui parle hélices, lui parle brasiers. les femmes ne s’intéressent pas beaucoup aux avions, en général. parce qu’il sait plus quoi dire, trop hébété devant sa beauté, devant sa façon d’en donner à des engins de guerre, à des turbines rouillées, à d’la ferraille sans trop d’valeur, ou pas suffisamment pour tirer aux dames de telles louanges. tout ce qui vole est beau, si vous voulez mon avis. des ailes, le vent, le ciel, quelques nuages, le soleil (la lune parfois). j’entretiens une grande estime envers tout ce qui ne touche pas le sol. pour moi c’est synonyme de liberté. libertà. n’est-ce pas ce dont tout le monde rêve ? il se laisse emporter, rongé par sa propre passion, déjà haut, trop loin pour qu’on l’atteigne. allez lino, lâche un peu de lest, tu risques de la faire fuir, autrement. alors, en se penchant tout prêt, il lui murmure, comme un secret : de quoi rêvez-vous, madame ? sourire espiègle, regard fripon, il s’accorde une gorgée, brûle au fond d’sa gorge un début de nostalgie. il rêve de léon. d’astrid. de la maison. il veut bien poser son avion et jurer de plus jamais y toucher, si c’est le prix à payer pour que rêve devienne réalité. aimée a i m é e un indice pour après ? une suggestion du destin, une poussée dans le dos ? pense moins fort, lino. le nom de la belle, comme un oxymore retentit dans son esprit trop évasé (heureusement), avec en fond sonore un rire élégant, charmant, qui l’aurait sûrement fait rire aussi, et captivé aussi probablement, si ç’avait pas été maintenant. sur quels critères votre mère vous jugeait-elle, si je ne suis pas indiscret ? et un éclat rouge vif dans ses yeux à moitié vides (triste reflet du verre de cristal) quand elle lui parle sang, quand elle évoque le mal. les mots, un moment, restent coincés au fond de sa gorge. alors même si loin, même ici, chez lui, on le laisse pas s’échapper ? et puis après deux gorgées aux textures cotonneuses, comme deux grandes goulées d’air frais, il la toise intensément, quelque chose de blessé, de vilain au fond de l’iris. désolé aimée, j’arrive pas à oublier. je vois des avions qui explosent, qui s’écrasent dans l’eau trouble. je vois des bateaux qui coulent, des bulles à la surface (pas longtemps), je vois l’écume se colorer de noir, de rouge parfois et dans le sable des corps qui tombent. ne se relèvent pas. une inspiration. je les vois de là-haut, on dirait des fourmis. c’est peut-être des amis, des ennemis. y a des fois je sais plus. visuellement qu’on soit tous humains, c’est pas un avantage. y aussi des fois où j’me dit que si dieu assiste à ça tous les jours, d’au-dessus les nuages, pas étonnant qu’il soit si cruel. il doit pas s’ennuyer. et puis la douceur des mots d’aimée, comme un pansement pour recouvrir ses plaies. il sourit un peu, diminue l’intensité d’ses pensées. je vous ferai voir un jour, si vous voulez.
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| Sujet: Re: parle plus bas (lino) (flashback, 1945) | |
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